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Histoire militaire de la France

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Histoire générale de la Cavalerie Française


créé par Tanaka le 04/06/2009, modifié par Tanaka le 27/04/2016

Préambule

Les premières lignes que j'ai écris en 2009 n'abordait que l'aspect de la cavalerie. Il n'en reste pas moins que l'infanterie existait et suivait un chemin parallèle au même moment qu'il ne faut pas oublier de garder en mémoire. Une relecture des documents écrits par le même auteur, qui sert à écrire cette article, permet d'avoir un approche globale de l'homme d'arme en France depuis l'empire romain.

Les origines

Le système féodal, qui s'impose à partir de la fin de l'empire romain, trouve ses origines dans la nécessité des hommes d'avoir des personnes capables de les protéger. Cette personne, obligatoirement libre, propriétaire d'une maison, s'arme alors pour protéger ceux qui sont moins riche que lui. Devant la menace, il s'arme d'une lance ou d'une masse d'armes, il endosse une cote de maille ou une armure, ce qui l'oblige à monter à cheval pour supporter le poids de tout son équipement. Le chevalier apparaît.

Devant la multitudes des agressions que notre homme seul n'est pas capable de combattre, le jeu des alliances apparaît. Notre homme ne peut que se placer sous les ordres de quelqu'un d'autre pour augmenter la capacité de défense. Il devient le vassal de cette personne, qui prend le titre de suzerain. Si cette homme est accompagné de quelques autres chevaliers, milites minores, celui-ci peut s'enorgueillir du titre de chevalier à pennon. Son suzerain prend le nom de chevalier à bannière, ou banneret.

Cette organisation perdure tout au long du Moyen Age, elle est complété par le système de la levée du ban et de l’arrière ban, qui faisait qu'un suzerain pouvait rappeler tous les moyens disponibles pour se défendre, ou pour aider son propre suzerain. Le temps d’utilisation de ces troupes est alors assez court, car le plus petit vassal doit continuer à avoir l'oeil sur ses serfs pour s'assurer qui lui donneront suffisamment de matière première pour se nourrir lui-même, ou pour payer les taxes de son suzerain.

Pendant la guerre de 100 ans, le besoin en troupes, durable dans le temps, commence à se faire sentir. Des nobles, ou de moins nobles, regroupent alors des hommes, généralement sans emploi à cause de la guerre, au sein de compagnies (dans le sens latin de cum : ensemble) pour les mettre à la disposition de leurs suzerains. Ils vivent grâce au pillage et au rançonnage des régions ennemies traversées. Par la force des choses, ces hommes deviennent des professionnels aguerris qui ne connaissent que la guerre.

Lors des grandes périodes de calmes de la guerre de 100 ans, ces compagnies, n’ayant plus d’activités, ni de rémunération, vivent sur le pays, occasionnant des dégâts importants préjudiciables à la survie de la population. Les capitaines de ces troupes commencent à vendre leurs services au plus offrant, ce qui les éloigne très rapidement du lien habituel de vassalité qui était la norme jusqu’à maintenant et les fait devenir des « routiers ».

Vers la fin de la guerre de 100 ans, les revenus du royaume, à l’aide des impôts indirects, commencent à être en mesure de payer ce type d’unité en les maintenant sur le pied de guerre, tout en évitant d’avoir des unités palliant au désœuvrement par du pillage pour pouvoir subvenir à leur besoin.

Charles VII publie une première ordonnance en 1439, qui ne semble pas avoir d’effet réel, il faut alors attendre 1444 pour que les premières compagnies des ordonnances apparaissent.

A la suite des combats dans le pays de Bale où une grande majorité des « routiers » aux ordres du Dauphin se font étrillés par les suisses et les francs-comtois, le connétable de Richemond, à l’aide de ses propres unités, trie et constitue les 15 premières compagnies des ordonnances.

Les compagnies d’ordonnances

Les compagnies des ordonnances sont fortes de 100 lances. Une lance représente un homme d’arme (maître d’arme), accompagné d’un page ou d’un valet, de 2 archers à cheval avec un valet, et d’un coutillier, soit 6 hommes. Les compagnies sont commandées par un capitaine, aidé dans cette tache par un lieutenant, un enseigne, un guidon et un maréchal des logis. Elles font partis des unités de « grande ordonnance » (celle de 1444), et vont permettre au Roi de reconquérir définitivement le royaume au cours des années 1450.

Malgré cette nouvelle organisation, l’appel au ban et à l’arrière ban existe toujours, et ne se fera que dans les cas d’extrême urgence.

Dans le même temps, il est aussi créé d’autres unités servant à la garde des places fortes. Pratiquement sous le même format que les unités de « grande ordonnance », la lance est l’élément de base à laquelle s’ajoute un valet et deux archers. Les personnels ne sont pas dotés de chevaux, car inutile par rapport à la mission qui leur est attribué.

La toute première de ces compagnies est l’ancienne compagnie que le connétable Jean Stuart avait amenée d’Écosse en 1422 pour aider le Roi de Bourges. Le connétable de Richemond s’en servit en 1444 pour aller à Montbéliard effectuer le tri des éléments permettant de créer les 13 autres compagnies des ordonnances, sachant que depuis 1440, une autre compagnie avait été créée par dédoublement de la première unité écossaise. La première compagnie fut connue sous le nom de Gendarmes écossais, alors que la deuxième le fut sous le nom de Compagnie écossaise. Les autres compagnies ne portèrent pas de noms particuliers.

A la fin du règne de Charles VII, il existe 17 compagnies d’ordonnance, puis 58 compagnies avec 4000 lances à la fin du règne de Louis XI. Celles-ci n’ont plus un effectif de 100 lances.

En effet, les effectifs des compagnies ont variés en fonction des moyens financiers du capitaine, ou au moment du transfert de la charge d’un capitaine à un autre en totalité ou partiellement. Lors des transferts, le dédoublement de la compagnie est habituel, l’ancien propriétaire, voir même le roi, peut répartir les effectifs entre un ayant droit, ou tout autre personne, et une autre personne pour le remercier du travail effectué à la tête de la compagnie, en tant que suppléant (capitaine-lieutenant). Malgré la différence de capacité tactique, cela permet d’obtenir une émulation entre les capitaines par la rémunération qu’ils peuvent obtenir en fonction du nombre d’hommes sous leurs responsabilités.

Au cours du règne de Charles VIII, les effectifs en lances diminuent fortement pendant la régence et tombe à 2500 lances.

A la fin du XVe siècle, les hostilités pour reconquérir les « droits » de Charles VIII sur une partie du territoire de l’Italie, relance les besoins. Les effectifs en lance s’accroissent et atteignent 3200 lances en 1490. Toutefois, l’organisation de l’armée change d’orientation. Alors que la partition entre les cavaliers armés de la lance et les archers à cheval se faisait épisodiquement au gré des besoins depuis 1450, avec les cavaliers sous l’autorité du capitaine et de l’enseigne et les archers sous celle du lieutenant et du guidon. Les guerres d’Italie vont voir cette disposition rentrer dans les mœurs.

La cavalerie légère

L’utilisation des archers dans des éléments indépendant des gens d’armes se confirme au cours des premières campagnes en Italie, prenant exemple sur la cavalerie vénitienne. Henri II avalise cette situation par l’ordonnance du 20 décembre 1549 créant la charge de Colonel général de la cavalerie légère, séparant définitivement les gendarmes des archers. Les gendarmes resteront sous l’autorité du roi ou du Connetable (jusqu’en 1627).